Introduction
Une étude particulièrement révélatrice, menée par Bjørnsen et al. en 2018, intitulée “Type I Muscle Fiber Hypertrophy after Blood Flow-Restricted Training in Powerlifters”, se distingue par son exploration approfondie de l’efficacité de l’entraînement avec restriction du flux sanguin (BFR) chez les haltérophiles de haut niveau.
L’entraînement avec restriction du flux sanguin (ou L’Occlusion Training ou encore BFR pourBlood Flow Restriction) implique l’application d’une pression externe sur les membres supérieurs ou inférieurs, généralement à l’aide de bandes ou de manchettes spécialisées, pour réduire partiellement le flux sanguin veineux (retour du sang au cœur) tout en maintenant un apport artériel (flux de sang vers les muscles). Cette technique, qui peut sembler déroutante au premier abord, est fondée sur l’idée que l’accumulation de métabolites et la réduction de l’oxygène disponible dans le muscle peuvent amplifier la réponse hypertrophique et la force musculaire, même avec des charges beaucoup plus faibles que celles utilisées traditionnellement dans l’entraînement de résistance. La pertinence de cette méthode réside dans sa capacité à provoquer une hypertrophie musculaire significative et à améliorer la force sans les contraintes associées à l’entraînement à haute charge, réduisant ainsi le risque de blessure et la pression sur les articulations et les tissus conjonctifs.
Contexte et objectifs de l’étude
Contexte
L’entraînement avec restriction du flux sanguin (BFR) a émergé comme une méthode révolutionnaire pour stimuler l’hypertrophie musculaire et la force avec des charges relativement faibles. Cette approche, qui implique de limiter le retour veineux du sang tout en maintenant l’apport artériel aux muscles travaillants, a suscité un vif débat dans la communauté scientifique et parmi les professionnels de la santé. Des études précédentes ont montré que le BFR, combiné à des exercices à faible charge, peut induire des adaptations musculaires comparables à celles obtenues avec des exercices à haute charge, remettant en question les paradigmes d’entraînement traditionnels qui préconisent l’utilisation de charges lourdes pour maximiser la croissance musculaire et la force.
Toutefois, la majorité de ces recherches a été menée sur des populations non athlétiques ou semi-entraînées, laissant un vide quant à l’efficacité de cette méthode chez les athlètes de haut niveau, en particulier dans les sports de force comme l’haltérophilie. La capacité des muscles à s’adapter spécifiquement à différents types d’entraînement, connue sous le nom de spécificité de l’entraînement, suggère que les réponses à l’entraînement BFR pourraient varier en fonction du niveau d’expérience et de la condition physique des athlètes, soulignant la nécessité d’études ciblées sur des populations spécifiques.
Objectif principal
Face à ce contexte, l’étude réalisée par Bjørnsen et al. (2018) visait à examiner les effets de l’entraînement de squats avant (front squat) à faible charge avec restriction du flux sanguin sur l’hypertrophie des quadriceps, en comparaison avec des squats avant traditionnels à charge lourde chez des haltérophiles de haut niveau. L’objectif était de déterminer si le BFR pouvait offrir des avantages distincts en termes d’augmentation de la taille musculaire dans une population qui utilise traditionnellement des charges lourdes dans son entraînement.
Questions de recherche
Trois questions de recherche principales guidaient cette étude :
- Le BFR induirait-il une plus grande hypertrophie des quadriceps que l’entraînement traditionnel à charge lourde chez des haltérophiles bien entraînés ?
- Les gains de force seraient-ils supérieurs avec le BFR comparativement à l’entraînement traditionnel sans restriction ?
- Le BFR conduirait-il à des changements plus significatifs dans les mécanismes moléculaires associés à l’hypertrophie, tels que l’augmentation du nombre de myonucléi (noyaux des cellules musculaires (fibres musculaires)), le contenu en cellules satellites, et l’expression de l’ARN ?
Réponses