Introduction
La peak week est une période cruciale dans la préparation d’un bodybuilder avant une compétition. C’est pendant cette semaine que les athlètes ajustent méticuleusement leur alimentation, leur hydratation et parfois même leur niveau d’activité physique dans l’espoir de maximiser l’apparence visuelle de leur musculature le jour de la compétition. L’objectif principal de cette phase est de présenter un physique qui soit à la fois extrêmement sec (minimiser l’eau sous-cutanée) et plein (maximiser la taille et la définition musculaire). La peak week vise à révéler le travail de plusieurs mois, voire d’années, en optimisant les dernières étapes de la préparation.
Les stratégies employées varient d’un athlète à l’autre, mais elles incluent généralement des manipulations des apports en glucides (avec ce qu’on appelle un carb-loading), des ajustements des niveaux de sodium et de potassium, ainsi qu’une modification de l’hydratation pour influencer la répartition de l’eau entre l’espace intracellulaire (dans les muscles) et extracellulaire (hors des muscles, comme dans la peau). Toutefois, la complexité et l’individualité de ces manipulations rendent cette phase difficile à gérer. Il existe de nombreuses croyances populaires sur ce qui fonctionne le mieux, mais peu de recherches empiriques sur l’impact réel de ces stratégies.
L’étude de Barakat et al. (2022), intitulée « Can Bodybuilding Peak Week Manipulations Favorably Affect Muscle Size, Subcutaneous Thickness, and Related Body Composition Variables? A Case Study, » est l’une des rares à examiner en détail les effets réels de ces manipulations sur un athlète de bodybuilding naturel durant la peak week. Cette étude de cas porte sur un bodybuilder professionnel naturel et observe les ajustements alimentaires et hydriques durant les huit jours qui précèdent sa compétition. L’étude documente les changements dans la composition corporelle, l’épaisseur musculaire, l’épaisseur de la graisse sous-cutanée, ainsi que les fluctuations de l’eau corporelle, en utilisant des mesures précises comme la spectroscopie bioélectrique multifréquence.
Objectif de l’étude et hypothèses
Objectif principal
L’objectif de cette étude était d’examiner l’impact des pratiques alimentaires et hydriques sur la composition corporelle et la répartition des fluides durant la semaine de pointe d’un bodybuilder. En particulier, les chercheurs souhaitaient évaluer comment ces manipulations influencent l’épaisseur musculaire, l’épaisseur de la graisse sous-cutanée, et les compartiments d’eau intracellulaire (ICW) et extracellulaire (ECW). L’étude visait à répondre à une question clé dans le milieu du bodybuilding : les ajustements nutritionnels peuvent-ils réellement améliorer la présentation physique le jour de la compétition ?
L’accent a été mis sur la capacité de ces manipulations à optimiser la répartition des fluides corporels pour maximiser la taille et la définition musculaire tout en minimisant la rétention d’eau sous-cutanée. Les chercheurs ont également examiné comment ces manipulations influençaient la perception subjective de « muscle fullness », c’est-à-dire la sensation de plénitude musculaire, un élément crucial dans la préparation des bodybuilders.
Hypothèses
Bien que l’introduction de l’étude ne fournisse pas d’hypothèses formelles, les auteurs ont émis plusieurs attentes basées sur des observations antérieures et sur la littérature existante. Ils s’attendaient notamment à :
- Une augmentation du ratio ICW : ECW à l’approche du jour de la compétition, en raison d’une manipulation des glucides et de l’hydratation.
- Une diminution de l’eau corporelle totale (TBW) et de l’eau extracellulaire (ECW) à mesure que l’athlète se rapprochait de la compétition, en ligne avec l’idée populaire que « sécher » favorise une meilleure définition musculaire.
Ces hypothèses étaient fondées sur des mécanismes physiologiques bien établis concernant la répartition de l’eau dans le corps humain et la manière dont celle-ci est influencée par l’apport en glucides et en électrolytes. Cependant, l’étude se voulait également exploratoire, en raison de la rareté des données empiriques spécifiques à la peak week dans le bodybuilding naturel.
Méthodologie de l’étude
Le sujet de l’étude
Le sujet de cette étude de cas était Chris Barakat, co-auteur de l’étude et bodybuilder professionnel naturel. Âgé de 29 ans, avec 12 ans d’expérience en musculation intensive, il présentait un niveau d’expertise et de condition physique qui en fait un excellent candidat pour une telle étude. L’étude s’est concentrée sur sa seconde compétition de l’année, après une préparation de 24 semaines, ce qui garantit que l’athlète était en condition optimale pour tester les manipulations de la peak week.
Ce type d’étude de cas est particulièrement intéressant dans le contexte du bodybuilding, où les stratégies de peak week sont souvent adaptées de manière individuelle en fonction de la réponse spécifique de chaque athlète. Cela signifie que les résultats observés chez un athlète expérimenté comme Barakat peuvent offrir des indications utiles pour d’autres athlètes, même s’ils ne sont pas généralisables à toute la population.
Design de l’étude
Les mesures ont été prises sur une période de huit jours, incluant les ajustements alimentaires et hydriques, et des évaluations quotidiennes de la composition corporelle et de l’état de l’hydratation. Les chercheurs ont utilisé plusieurs méthodes pour suivre l’évolution des variables corporelles du sujet :
- Suivi alimentaire détaillé : Enregistrement précis des apports caloriques, des macronutriments (glucides, protéines, lipides), des électrolytes (sodium, potassium), et des fluides consommés chaque jour.

- Mesures corporelles :
- Composition corporelle déterminée par absorptiométrie à rayons X (DXA).
- Épaisseur musculaire mesurée par ultrasons aux quadriceps, pectoraux et biceps.
- Épaisseur de la graisse sous-cutanée mesurée par ultrasons à sept sites différents (p.ex. abdomen, cuisse, bras).
- Bioimpédance multifréquence : Utilisée pour estimer la quantité d’eau totale (TBW), d’eau intracellulaire (ICW) et d’eau extracellulaire (ECW), ainsi que pour calculer le ratio ICW : ECW. C’est une mesure particulièrement intéressante dans cette étude, car elle permet de différencier l’eau à l’intérieur des muscles (ICW) de l’eau sous-cutanée (ECW).
- Statut hydrique : Évalué chaque matin via l’analyse de la densité urinaire, un marqueur couramment utilisé pour déterminer le niveau de déshydratation.
Les mesures ont été prises quotidiennement, généralement le matin après un jeûne de 8 heures. Toutefois, le jour de la compétition, l’athlète a été mesuré après seulement 5 heures de jeûne. Cela a pu influencer légèrement les résultats, notamment en ce qui concerne l’hydratation et les niveaux d’eau corporelle.
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