La meilleure méthode pour progresser : Hatfield ou périodisation ondulatoire

Table des matières

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Introduction

La question de savoir s’il est préférable de combiner plusieurs zones d’intensité au sein d’une même séance ou de les répartir sur différentes semaines reste un débat récurrent en sciences de l’entraînement. Le système Hatfield, qui intègre différentes plages de répétitions et vitesses d’exécution dans une seule séance, s’oppose conceptuellement à la périodisation ondulatoire hebdomadaire (WUP), où chaque semaine est consacrée à une zone d’intensité spécifique. L’étude d’Antretter et al. (2017) constitue l’une des rares investigations comparant directement ces deux approches, en conditions contrôlées et à volume et intensité équivalents.

L’objectif principal était de déterminer si l’une de ces méthodes permettait des gains supérieurs en force maximale, hypertrophie musculaire et puissance explosive chez des pratiquants déjà entraînés, sur une période de six semaines.

Méthodologie

Participants

L’étude a inclus 26 hommes entraînés en résistance, ayant entre 1 et 10 années d’expérience. Les critères d’inclusion imposaient un minimum d’une année de pratique. Les caractéristiques initiales montraient une population homogène en termes de force relative et de condition physique.

Protocole expérimental

Une semaine de familiarisation a précédé la phase d’intervention, afin de standardiser la technique et de limiter les biais liés à l’apprentissage. Les évaluations pré- et post-intervention se sont déroulées sur deux jours.
Le premier jour comprenait des mesures anthropométriques (taille, poids, circonférence de cuisse, plis cutanés), l’évaluation de la hauteur de saut sans élan (squat jump) et avec contre-mouvement (countermovement jump), ainsi qu’un test de force isométrique en extension de genou.
Le second jour était consacré au test de 1RM au leg press et à l’endurance de force (répétitions à l’échec à 40 % du 1RM).

Les participants ont été répartis aléatoirement en deux groupes :

  • Groupe Hatfield : entraînement bihebdomadaire intégrant trois zones d’intensité au sein d’une même séance. Les deux premières séries étaient réalisées à 4–6 répétitions avec des concentriques explosives (0,75–1 s), les deux suivantes à 12–15 répétitions (1–1,5 s), et les deux dernières à 20–25 répétitions en tension continue (1,5–2 s par concentrique).
  • Groupe WUP : même répartition de répétitions mais appliquée par semaines complètes. Les semaines 1 et 4 étaient lourdes (4–6 reps), les semaines 2 et 5 modérées (12–15 reps), et les semaines 3 et 6 légères (20–25 reps). Le tempo était fixe : 2 s excentrique, 1 s concentrique.

Les exercices utilisés étaient identiques pour les deux groupes : leg press, leg curl, leg extension. Les charges étaient augmentées lorsque le pratiquant dépassait la borne haute de la plage de répétitions avec le tempo imposé. La profondeur au leg press était standardisée grâce à un goniomètre fixé à une orthèse de genou, garantissant 90° de flexion.

Mesure de l’hypertrophie

La section transversale musculaire (CSA) de la cuisse a été estimée via l’équation de Housh et al. combinant circonférence et pli cutané. Bien que moins précise qu’une échographie ou une IRM, cette méthode présente une corrélation élevée (r = 0,86) avec les mesures directes.

Résultats

Hypertrophie musculaire

Après six semaines, le groupe Hatfield a présenté une augmentation significative de CSA de +4,4 cm² (p = 0,019), tandis que le groupe WUP a progressé de +3,4 cm², sans atteindre la significativité statistique (p = 0,075). La comparaison intergroupes ne montrait aucune différence significative, confirmée par un effet trivial (d < 0,2).

Force maximale

Le 1RM au leg press a augmenté significativement dans les deux groupes, sans différence intergroupe. Le gain relatif était d’environ +18,6 % pour Hatfield et +16,2 % pour WUP, ce qui équivaut à une progression hebdomadaire moyenne de +3,1 % et +2,7 % respectivement (p = 0,32 pour la différence).

Endurance de force

Le nombre de répétitions à 40 % du 1RM au leg press a augmenté de façon significative dans les deux conditions, confirmant l’amélioration de l’endurance musculaire, avec aucune différence notable entre méthodes.

Puissance et force isométrique

Le squat jump s’est amélioré significativement dans le groupe WUP (+2,6 cm, p = 0,016) mais pas dans Hatfield (+2,0 cm, p = 0,064). Le countermovement jump a progressé de façon similaire dans les deux groupes. La force isométrique en extension de genou (120°) a augmenté pour les deux jambes dans les deux groupes, avec un petit effet (d = 0,33) en faveur de WUP pour la jambe droite. À 85°, seule la jambe gauche a montré des gains significatifs.

Discussion

Cette étude démontre que, lorsque le volume et l’intensité sont équivalents, la répartition de ces variables – qu’elle soit intra-séance (Hatfield) ou inter-semaine (WUP) – ne modifie pas significativement les adaptations en force, hypertrophie ou puissance sur une période courte. Les gains observés sont cohérents avec les connaissances actuelles sur la primauté du volume d’entraînement et de l’intensité relative comme déterminants majeurs des adaptations.

Le point notable est la progression légèrement plus rapide du 1RM dans le groupe Hatfield, bien que non significative, ce qui constitue un des rares exemples où un entraînement non périodisé produit des gains comparables, voire légèrement supérieurs, à une approche périodisée chez des pratiquants expérimentés. Ce résultat pourrait s’expliquer par le fait que la périodisation ondulatoire hebdomadaire utilisée débutait par des semaines lourdes suivies de semaines plus légères, ce qui pourrait limiter l’exposition continue aux charges maximales.

L’étude est néanmoins limitée par l’utilisation d’une estimation de la CSA musculaire et par un effectif réduit, ce qui diminue la puissance statistique pour détecter de petites différences.

Conclusion

Sur six semaines, combiner plusieurs zones d’intensité au sein d’une même séance ou les répartir sur des semaines distinctes aboutit à des résultats similaires en termes de force, hypertrophie et puissance chez des pratiquants entraînés, lorsque le volume et l’intensité sont identiques.

Pour la planification de l’entraînement en saison ou en période hors compétition, le choix entre Hatfield et WUP peut donc être guidé par la préférence individuelle et la logistique d’entraînement, sans crainte d’un impact négatif sur les performances. En revanche, en phase de pré-compétition, il reste pertinent d’éviter un volume important de travail léger et endurant proche des semaines de pic de force, afin de limiter la fatigue inutile.

Liste des Références Scientifiques

L’étude complète

Merci pour votre lecture, si vous souhaitez aller plus loin le texte complet de l’étude est disponible ici :

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