Perte de poids : comportements et facteurs psychologiques pour un succès à long terme

Table des matières

Introduction

La perte de poids est souvent décrite comme un processus simple : créer et maintenir un déficit calorique en mangeant moins et en augmentant l’activité physique. Pourtant, dans la pratique, il s’agit d’un défi bien plus complexe. Les mécanismes physiologiques, comme l’adaptation métabolique, se combinent à des facteurs comportementaux et psychologiques, rendant la perte de poids durable extrêmement difficile. Les personnes qui parviennent à maintenir leur perte de poids sur le long terme se heurtent à des obstacles invisibles mais puissants : envies alimentaires, fatigue mentale, et environnement parfois peu favorable.

L’étude menée par Phelan et al. (2023) s’intéresse précisément à ce défi. Elle cherche à comprendre pourquoi certaines personnes parviennent à maintenir une perte de poids significative tandis que d’autres reprennent progressivement ce qu’elles ont perdu, voire davantage. Grâce à un suivi sur un an auprès de participants ayant déjà réussi à maintenir une perte de poids importante, cette recherche identifie des prédicteurs comportementaux, psychologiques et environnementaux liés au succès ou à l’échec dans la gestion du poids.

Objectifs et méthodologie de l’étude

Objectifs principaux

L’objectif principal de l’étude était d’identifier les facteurs qui influencent la reprise ou le maintien du poids chez des individus ayant déjà réussi à perdre au moins 9,1 kg et à maintenir cette perte pendant un an ou plus. L’étude ne se concentrait pas uniquement sur les aspects physiques de la perte de poids, mais élargissait son analyse aux comportements alimentaires, à la satisfaction corporelle, et à d’autres variables psychologiques et environnementales.

Les chercheurs espéraient ainsi répondre à une question cruciale : pourquoi certaines personnes sont-elles capables de maintenir leur poids, tandis que d’autres finissent par reprendre ce qu’elles ont perdu ? En identifiant ces prédicteurs, ils visaient à fournir des outils pratiques et des recommandations pour aider les individus dans leur parcours.

Méthodologie et échantillon

Les participants de l’étude ont été recrutés parmi le WeightWatchers Success Registry, un registre de personnes ayant atteint une perte de poids durable grâce au programme WeightWatchers. Les critères d’inclusion exigeaient que les participants aient maintenu une perte d’au moins 9,1 kg pendant un an ou plus.

Sur les 2843 participants retenus pour l’étude, 92 % étaient des femmes, 95 % étaient blanches non hispaniques, et 66 % appartenaient à des ménages avec un revenu annuel supérieur à 75 000 dollars. L’étude s’est appuyée sur deux questionnaires remplis à un an d’intervalle. Les participants ont ensuite été divisés en deux groupes :

  • Mainteneurs : poids stable avec une variation inférieure ou égale à ±2,3 kg sur un an.
  • Repreneurs : reprise de poids supérieure à 2,3 kg.

Les données incluaient des informations sur le poids actuel, l’historique de poids, les comportements alimentaires, la satisfaction corporelle, les niveaux de douleur physique et l’activité physique.

Résultats : Comprendre les facteurs de succès et d’échec

Résultats chiffrés du suivi sur un an

Au cours de l’année de suivi, 57 % des participants ont maintenu leur poids, gagnant en moyenne 0,4 ± 1,2 kg. Le poids moyen dans ce groupe était de 71,3 ± 11,8 kg, correspondant à un IMC de 25,9 ± 3,6 kg/m². Les 43 % restants, classés parmi les repreneurs, ont regagné en moyenne 7,2 ± 5,4 kg, atteignant un poids moyen de 84,9 ± 19,0 kg et un IMC de 30,5 ± 6,3 kg/m².

Différences démographiques et historiques de poids

Les analyses ont révélé des différences notables entre les mainteneurs et les repreneurs. Les repreneurs étaient plus jeunes et avaient un poids maximum historique plus élevé. Ils avaient également perdu plus de poids en termes absolus lors de leur participation initiale au programme WeightWatchers. Cependant, cette perte de poids ne représentait pas un pourcentage plus élevé de leur poids initial, ce qui suggère que le poids maximum atteint peut jouer un rôle dans la difficulté à maintenir une perte de poids.

Changements comportementaux et alimentaires

Les comportements alimentaires ont joué un rôle crucial dans la distinction entre les mainteneurs et les repreneurs. Ces derniers ont montré une baisse marquée de leur capacité à réguler leurs comportements alimentaires face à des signaux internes (comme la faim) et externes (comme la vue ou l’odeur de nourriture). Ils ont également significativement réduit leur fréquence d’auto-surveillance, que ce soit via la pesée régulière, le suivi des apports alimentaires, ou le journal d’activité physique.

En revanche, les mainteneurs ont continué à adopter des pratiques d’auto-surveillance, leur permettant de détecter rapidement les fluctuations et d’apporter des ajustements.

Facteurs psychologiques : Image corporelle et douleur physique

La satisfaction corporelle et la perception de la douleur physique étaient également des prédicteurs importants. Les repreneurs ont rapporté une détérioration de leur image corporelle ainsi qu’une augmentation des douleurs physiques, ce qui peut limiter leur motivation à maintenir des comportements sains. À l’inverse, les mainteneurs avaient une meilleure image de leur corps, ce qui pourrait avoir renforcé leur engagement envers des habitudes positives.

Analyse des comportements et stratégies à adopter

L’importance de l’auto-surveillance

L’auto-surveillance, qui comprend des pratiques comme la pesée régulière ou le suivi des apports alimentaires, est un levier puissant pour éviter les dérives. Les mainteneurs étaient plus susceptibles d’utiliser ces outils pour identifier rapidement les fluctuations de poids. Une étude menée par Peterson et al. (2014) a confirmé que la fréquence du suivi est un facteur clé de succès, même lorsque le niveau de détail des données enregistrées est limité. Cela montre que de simples pratiques, comme une pesée hebdomadaire, peuvent suffire à prévenir une reprise de poids.

Gérer les signaux alimentaires

Les repreneurs avaient davantage de mal à gérer leurs réponses aux signaux alimentaires internes et externes. Une solution possible réside dans des approches comme la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), qui aide les individus à accepter leurs envies sans y céder immédiatement. De plus, les mainteneurs ont souvent recours à des stratégies de planification, comme préparer leurs repas à l’avance ou limiter leur exposition aux tentations alimentaires.

Travailler sur l’image corporelle

Une image corporelle positive est essentielle pour maintenir la motivation. Les mainteneurs avaient une perception plus favorable de leur corps, ce qui semble les avoir aidés à maintenir leurs comportements sains. En revanche, une image corporelle négative peut créer un cercle vicieux, réduisant l’engagement et augmentant le risque de reprise de poids. Travailler sur l’acceptation de son corps et se concentrer sur des objectifs axés sur la performance plutôt que sur l’apparence pourrait renforcer la résilience face aux défis du maintien du poids.

Applications pratiques et implications pour la recherche future

Pour réussir à maintenir une perte de poids, certaines stratégies simples mais efficaces se démarquent. La prévention est essentielle : suivre régulièrement son poids et ses comportements alimentaires permet de détecter les fluctuations à un stade précoce et d’intervenir rapidement. La gestion des signaux alimentaires, en combinant planification et pleine conscience, peut également réduire les risques de reprise de poids. Enfin, travailler sur l’image corporelle et accepter que les fluctuations sont normales est crucial pour conserver une motivation durable.

Du côté de la recherche, il est nécessaire de diversifier les échantillons pour inclure des populations plus variées et élargir la portée des résultats. Des études longitudinales approfondies pourraient également explorer les relations causales entre les variables étudiées, notamment la satisfaction corporelle et la reprise de poids.

Conclusion

Le maintien d’un poids réduit est un défi qui va bien au-delà des calories consommées ou dépensées. Les résultats de l’étude de Phelan et al. (2023) montrent que l’auto-surveillance régulière, la gestion des signaux alimentaires, et une image corporelle positive sont des facteurs essentiels pour transformer une perte de poids temporaire en succès durable. Ces stratégies, bien que simples en apparence, nécessitent une constance et une adaptation individuelle. En combinant ces pratiques avec un environnement de soutien et une planification rigoureuse, il est possible de maximiser ses chances de succès à long terme.

Liste des Références Scientifiques

L’étude complète

Merci pour votre lecture, si vous souhaitez aller plus loin le texte complet de l’étude est disponible ici :

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